La ferme des Belles dans la maison des Veyret servait d’abri aux Francs-Tireurs et Partisans Français les FTPF. Fils de l’un des témoins de la bataille du Pré Coquet qui a fait 16 morts en deux heures, après les assassinats à la ferme, les 49 fermes brulées. Cette tragédie de Malleval le 29 janvier 1944 est restée imprégnée dans ta chair.
Avec Dominique Brachet, tu publieras en 1955 le livre « le chemin de Nan » pour retracer ces souvenirs.
Mon premier échange avec toi remonte au 14 septembre 1976 au moment de la foire de Beaucroissant.
6 mois plus tôt, le Parti communiste français dans l’Isère remportait deux cantons : celui d’Allevard avec Gérard Arnaud et celui de Rives avec Robert Veyret, l’adjoint au Maire de Saint Jean de Moirans devenu Conseiller Général.
A cette époque, le 14 septembre était le jour de la foire aux bestiaux, les personnalités présentes repartaient de l’inauguration avec leur collier de gousses d’ail. Tout naturellement, tu es venu saluer tes camarades sur les 3 restaurants et 4 buvettes que les militants-es communistes tenaient.
Les municipales se profilant dans les 6 mois suivants, un accord national entre les 3 formations signataires du Programme commun de gouvernement, était intervenu pour des listes d’Union de la Gauche. Tu m’as questionné sur Sassenage, nos partenaires refusant son application.
Cela, ne t’as absolument pas surpris et c’est à cette occasion que tu m’as dit avoir été sassenageois dans un appartement au-dessus de la pharmacie Douvier au Bourg.
En mars 1977, tu es devenu Maire de Saint Jean de Moirans et tu le resteras durant 24 ans
Au sein du Conseil Général, tu resteras l’élu de ce canton durant 39 ans jusqu’en 2015 avec lorsque la gauche dirigeait l’Isère, des vice-présidences.
Tu auras également siégé au Conseil régional, avant la tenue des premières élections de 1986 afin de représenter les élus communistes dans cette instance de 1982 à 1985, puis après le mandat de Paul Rochas de 1986 à 1992, tu seras notre candidat tête de liste sur la région Rhône-Alpes.
1992, c’était la première fois que nous devions tenir un compte de campagne, obligation issue de la loi du 15 janvier 1990. (Pourquoi faire simple lorsqu’il est possible de compliquer la tâche). Notre choix fut la constitution d’une association de financement électorale dont j’étais le trésorier. La liste que tu conduisais rassembla 33 479 suffrages, soit 8,23% des exprimés.
Au cours de la décennie 1970, la réflexion des élus communistes avait pour toile de fond, ce que Marcel Rosette avait appelé » la gestion communale dans l’action « , et cette conception t’aura guidée.
Tout au long de ces années, régulièrement tu étais présent dans les différentes manifestations, notamment sociales. Le seul obstacle a été la maladie, ces derniers temps, la perte des repères, comme si les souffrances de l’enfance ressurgissaient pour gommer les acquis de la vie.
Lorsque j’ai publié mon livre, tu as été le premier à me commander deux exemplaires, l’un pour toi, l’autre pour Dominique. Nathalie suivra quelques jours plus tard.
Tu as été un homme public, ouvert aux autres, c’est sans doute cet aspect qui emporte l’adhésion à la reconnaissance de ton action militante.
Tu avais une grande qualité d’écoute et lorsque tu prenais un engagement, nous savions qu’il serait conduit à son terme.
Durant les jours précédents ta disparition, les écrits de Nathalie nous faisaient redouter ton décès. Lorsqu’elle t’a chanté « l’internationale« , tu lui as serré la main, comme pour lui dire : » soyez forts, continuez le combat «
Lorsque j’ai vu Nathalie à la manifestation pour le retrait du projet sur les retraites, mardi 7 février, je me suis dit : « Robert, sois fier de ta fille, le message a été reçu 5 sur 5 » .
Depuis novembre la salle attenante à l’Hôtel de ville de Saint Jean de Moirans porte ton nom, une juste reconnaissance, au même titre que tes insignes de Chevalier de la légion d’Honneur.
Adieu l’ami, adieu camarade, le chant des partisans perdure !