L’enquête publique sur le métrocable se terminera le 21 décembre 2023 à 17H. A partir de mon expérience d’ancien élu de la commune de Sassenage de mars 1977 à juin 2020, je livre ma réflexion.
Il y a 40 ans, l’ébullition de Sassenage contre le tramway
Durant ce mandant sous Roger Deschaux, de 1977 à 1983, j’étais Rapporteur de la commission Transports, Voirie, Circulation dont l’Adjoint était Georges Mottin. Notre première action fût l’obtention auprès du SMTC de la prolongation de la ligne de Trolleybus de la Place de la Libération jusqu’aux Engenières. A ce moment-là, il importe de le rappeler, aucune contestation, ce fut un plus considérable pour l’époque.
Dans le même temps, le SMTC préparait son Plan de Déplacement Urbain, avec en toile fond, la mise en place d’un tramway moderne adapté aux personnes à mobilité réduite. Son tracé partait de la Place de Libération à Sassenage jusqu’à Grand’Place à Échirolles.
La commune de Sassenage, sous notre impulsion avait émis le vœu de la prolongation de cette ligne aux Engenières.
Nous avions à faire face à une opposition très forte mettant en avant plusieurs arguments, je les rappelle :
• Le tramway, les anciens l’avaient connu et c’était ringard ;
• La question du coût de l’opération alors que nous n’avions pas terminé de payer la note des jeux olympiques de Grenoble de 1968
• La question du bruit infernal qui serait occasionné
• Enfin, le risque que la racaille de Fontaine et Grenoble allaient nous envahir !
Dans la campagne des élections municipales de 1983, ces arguments deviendront majoritaires et c’est seulement 27 petites voix qui séparèrent les deux listes en présence, celle de la gauche avec le soutien de Roger Deschaux, conduite par Claude Hoffman et celle de la droite conduite par Dominique Valeille.
La loi électorale ayant été modifiée, je fût avec Joseph Falco, l’un des deux élus communistes parmi les 7 Conseillers municipaux de gauche.
Sassenage basculait à droite, et Grenoble également. Dans la ville centre, la question de la venue du tramway faisait débat et nos camarades grenoblois, avec notamment Jean Giard obtinrent la consultation des grenoblois.
De mars jusqu’au 22 juin 1983, la gauche et en particulier les militantes et militants communistes menèrent une belle bataille pour le Oui au Tramway.
La participation pour ce référendum fût de 37% et 53,09% des votes exprimés dirent Oui à ce développement des transports publics.
En séance du Conseil municipal de Sassenage, à de multiples reprises, j’avais proposé, sans pouvoir l’obtenir, la consultation de la population par référendum.
La ville de Sassenage a t-elle eu raison de s’opposer au tramway ?
La question du coût, sous l’impulsion de Charles Fiterman, Ministre communiste des Transports, fut balayée ! L’État finança à plus de 50% du prix HT, l’innovation de cette première portion de la ligne A.
Le 5 septembre 1987, en qualité de Secrétaire de la section de Fontaine, du PCF, avec Yannick Boulard, Maire de Fontaine, suite au refus d’une inauguration commune des deux villes, nous avions organisé une marche inaugurale sur Fontaine. A cette occasion, Yannick Boulard déclara : « les ponts ne sont pas faits pour séparer les Hommes, leurs fonctions premières est de les relier. Relier les fontainoises et les fontainois aux grenobloises et grenoblois »
Pour que Sassenage, réaborde la question du développement des transports publics, il faudra attendre la victoire de seulement 17 voix de la liste de gauche conduite par Alain Chaplais en juin 1995. Je fus alors l’adjoint aux Transports, dans ce nouveau mandat, et ma première priorité sera d’obtenir que le tracé du tramway qui était resté figé à la Place de la Libération, soit prolongé jusqu’à Air Liquide aux Engenières. Ce prolongement sera acté lors du Plan Déplacements Urbains et figure toujours dans les tracés.
La gauche perdit les municipales de 2001 et le tramway sur Sassenage ne reste plus qu’un tracé de PDU, quel gâchis !
Aujourd’hui, que ce soit le Bus à Haut Niveau de Service ou le Tramway, les avenues de Romans et de Valence devront être élargies ainsi que le Pont sur le Furon, actuellement en cours de réfection – et je le regrette sans extension de son gabarit, ni même l’esquisse d’une piste cyclable. Les opposants ont gagné, quelle fierté en tirer ?
Au fil de ces 36 dernières années depuis son inauguration, la ligne A persiste à conserver la Poya à Fontaine, mais elle s’est étendue jusqu’à Le pont de Claix. Les lignes B, C, D et E sont des réalités.
Entre le départ de l’aventure du développement des transports publics et aujourd’hui, le concours de l’État a fondu comme neige au soleil.
Le transport par câble, c’est quoi ?
Tout le monde n’a pas eu la chance de voir le fonctionnement du métrocable de Medellin en Colombie qui en est à sa 6ème ligne inaugurée en juin, construite par une entreprise iséroise, Pomagalski ! Nous avons les bulles de Grenoble qui permettent de franchir une route, la rivière Isère jusqu’au fort de la Bastille.
La mission du transport par câble c’est avant tout, de répondre à des conditions géographiques particulières pour devenir des ponts aériens dans les traversées de fleuves et rivières, voiries et autoroutes, falaises et obstacles en montagne.
C’est ainsi que le premier projet présenté avait été celui de la liaison entre Fontaine et le Plateau du Vercors, là-aussi les oppositions par manque de volonté politique ont gagné pour l’instant !
L’expérience montre que lorsque l’on démarre une nouveauté, ce fût le cas avec la 1ère portion de la ligne A du Tramway, les demandes, par la suite se font de plus en plus pressantes, d’où mon insistance pour la réalisation de cette première portion du métrocâble.
Cette construction entre les communes de Fontaine, Sassenage, Grenoble et Saint Martin le Vinoux permettra d’assurer une desserte efficace d’Ouest en Est, en maillant trois lignes de Tramway permettant la jonction entre la A sur la Poya, la B au Polygone scientifique et la E à la Mairie de St Martin le Vinoux.
Défendre ce projet est crucial à plus d’un titre, le premier étant de nous inscrire par le développement des transports publics dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Rivières et cours d’eau qui débordent et inondent, montagnes qui s’écroulent et barrent des voies d’accès, ce n’est plus de la science-fiction, ce sont des réalités perceptibles qui ont tendances à se renouveler de plus en plus souvent.
Alors, faut-il rester les bras croisés et s’opposer au transport par câble, ou bien agir pour se donner tous les moyens possibles pour réduire fortement l’impact du déplacement contraint par manque d’infrastructures non polluantes ?
Assez de contrevérités : place aux faits !
Le métrocâble permettra de transporter près de 1500 voyageurs par heure, ce sera des voitures en moins !
Comme les autres moyens de transport public, le métrocâble sera un plus pour le déploiement de la mobilité et l’accès égalitaire aux déplacements.
Il est urgent de le réaliser rapidement, le RER grenoblois ne sera pas une réalité avant 2035, l’action pour le climat ne peut attendre, d’autant que la ligne A est saturée !
Les salariés des différentes zones d’activités, Argentière, Polygone scientifique, Parc d’Oxford, seront les premiers bénéficiaires du métrocâble, la création d’emplois sera, du fait de la proximité, favorisée.
Le métrocâble est un moyen supplémentaire dans la lutte contre l’artificialisation des sols qui sera très fortement réduite. Les seules prises au sol ce sont les gares, stations et pylônes. Sur le passage des câbles et cabines, les cultures demeurent possibles.
La dépense prévue pour cet investissement ne prend pas la place d’un autre !
Dans le PDU, RIEN n’est prévu sur d’autres infrastructures : ni passerelles, ni nouvelles lignes de tramway, ni Bus à Haut Niveau de Service (BHNVS). Ne pas réaliser le câble, ne fera pas aboutir des projets non prévus, ce serait un nouveau gâchis !
Le câble contribuera à désenclaver une partie des habitants de ce territoire, il ouvrira une mobilité apaisée pour le travail et les loisirs, il sera facteur d’attractivité et de rayonnement de notre agglomération.
En masse, participons à l’enquête Publique
Hier, des agglomérations de France ont pris comme modèle notre tramway de la région grenobloise. Être des précurseurs avec notre métrocâble, pourquoi pas, demain les autres régions n’auront plus les mêmes financements. Nous-mêmes, nous nous inspirons de métropoles ayant institué la gratuité pour la revendiquer à notre échelle la mise en place de cette mesure urgente pour le climat. Là aussi, la lutte et bon sens finiront par l’emporter !
De même, à partir de cette expérience, de futurs jalons pourront naitre pour un accès facilité vers le Vercors, la Chartreuse, Belledonne, Oisans…
Dans les jours à venir, exprimons-nous, ne laissons pas gagner celles et ceux qui par calcul politicien veulent faire échouer le projet.
Nous utilisatrices et utilisateurs des transports publics, rendons-nous auprès du Commissaire enquêteur qui tient sa dernière permanence, le jeudi 14 décembre de 15H à 17H à la Mairie de Sassenage pour lui faire part de nos remarques. Comme je vais le faire, déposons notre contribution sur le site Registre Numérique. ATTENTION, nous n’avons que jusqu’au 21 décembre à 17H pour le faire !
Si vous avez cliqué sur Registre Numérique, vous serez sur le bon site. Après avoir mis vos observations, il faut descendre dans la page et remplir les cases marquées d’un * Résoudre l’addition affichée
Depuis des mois, en allant faire mes courses à Casino Hyper Frais, en me déplaçant sur la rue de l’Argentière, comme il y a 40 ans, je me sens agressé par ceux qui refusent le développement des transports publics, c’est pourquoi, j’ai tenu à écrire, à partir du vécu de mon expérience, cet argumentaire qui mérite d’être davantage étoffé, merci d’être parvenu à la fin de ce message !